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«AU PAYS D'UNE INTENSE FERVEUR»
Laissez-moi vous prendre par la main et vous emmener au pays d'une intense ferveur religieuse et spirituelle, peut-être bien à lui tout seul la quintessence d'une Asie de dévotion, de piété mais aussi d'une humilité comme un peu hors du temps : ce sera d'ailleurs le fil conducteur de ce petit reportage au cours duquel je me suis souvent senti impressionné par l'expression des visages et des postures en prières, par le foisonnement de l'architecture religieuse, mais aussi par la beauté toute spirituelle de certains paysages à certaines heures et sous certaines lumières, sans oublier non plus la gentillesse, la spontanéité et la simplicité de beaucoup de ses habitants.
Ah...oui...au fait... mais quel peut bien être ce pays ?
Et bien, comme pour le reportage précédent, « Dans la ville de SMK », si nous jouions encore un peu à faire "comme si" ? Comme si nous le découvrions pour la première fois ? Nul doute que les plus avisés l'identifieront dès les premières images, mais c'est avec les autres que j'ai envie de m'amuser à travers un petit jeu de pistes sans prétention et en semant de temps à autre quelques cailloux en indices.
On y va ?
1- Méditation
2- Prosternation
3- Femmes en prières
Le bouddhisme theravada imprègne profondément la grande majorité de la population de ce pays : pour les adeptes de cette branche du bouddhisme, le repli dans la méditation et la prière demeure essentiellement la voie royale de la libération.
4- Lecture sacrée et prière
5- Au pays d'une grande ferveur
6- Au pays d'une incomparable ferveur religieuse
7- Geste rituel : allumage de bâtonnets d'encens
8- Jeunes femmes en discussion
Nous nous trouvons sur l'esplanade du lieu le plus sacré du pays. Mais les fidèles et les pèlerins n'y font pas que prier. Une vie simple et conviviale y trouve aussi toute sa place.
9- Lecture de la presse quotidienne
Mais quel est donc ce pays où les habitants s'enduisent le visage d'une crème de couleur sable préparée à partir de l'écorce d'un arbre local ? Cette crème présente des propriétés adoucissantes et permet de se protéger des ardeurs du soleil. Chez les femmes, elle tient lieu aussi de maquillage et même de parfum car elle sent bon.
10- Quel est donc ce pays ?
11- Une étrange écriture alphasyllabaire
12- Frappe !
Le battage d'or est un savoir-faire ancestral qui existait déjà en Égypte au temps des pharaons pour orner les statues. Les Grecs utilisaient également cette technique toujours dans un but artistique qui consiste à transformer l'or en feuilles très fines. Une première étape du battage (appelée dégrossissage) est effectuée à l'aide d'un marteau très lourd.
13- Découpe et colle !
Les très fines feuilles d'or obtenues à partir du battage sont ensuite découpées et collées sur de petits bouts de carton très fins.
14- Applique !
C'est un rite qui frappe le visiteur : des dizaines d'adeptes s'empressent auprès des statues du Bouddha pour appliquer ces feuilles d'or qu'ils ont au préalable achetées (et qui leur coûtent cher !). Cet acte de dévotion bouddhique est un témoignage important de leur foi et de l'importance qu'ils accordent à mériter un bon karma dans une vie future.
15- Au pays des jeunes filles en fleurs
«Regardez bien les traits de mon visage : comme moi, la majorité des habitants de ce pays est d'origine mongole.»
16-Visage mongol
17- Les gamins au pick-up
Comme c'est le cas dans beaucoup d'autres états voisins, le pick-up est un moyen de locomotion très prisé parce que rapide et économique dans le pays. Très pratique pour les petites, moyennes voire même plus grandes distances où là quand même le confort craint ! On s'y entasse par dizaines et les chauffeurs ne partent que lorsqu'ils sont bourrés de passagers.
18- Le teuf-teuf chinois
Dans les campagnes on rencontre souvent ce genre d'engin pétaradant bruyamment, faisant penser à des moteurs de tracteurs agricoles. Renseignements pris, ces moteurs sont fabriqués en Chine, avec laquelle ce pays entretient des liens économiques très étroits.
Mais quel est donc ce pays où l'on voit des femmes fumer ce genre de gros cigares ?
19- Quel est donc ce pays ?
20- Atelier de fabrication de cheroots
Le mot cheroot vient du français cheroute, lui-même issu du tamoul curuttu/churuttu/shuruttu - rouleau de tabac. Le cheroot est d'ailleurs très populaire en Inde. C'est aussi le nom local donné à ces cigares d'environ 15 cm de long, contenant du tabac grossièrement haché auquel on ajoute un mélange de riz, d'eucalyptus, de pulpe de tamarinier, voire de miel et de graine de pavot, le tout renfermé dans un étui de feuille Béthel (plante grimpante originaire de Malaisie). Bon à savoir : le cheroot produit 6 fois plus de monoxyde de carbone (CO) qu'une cigarette conventionnelle et 3.8 fois plus de nicotine. 1 cheroot = 10 cigarettes.
21- Une architecture d'or
«Je suis un long fleuve de 2170 km de longueur. Les deux rivières qui me forment prennent leurs sources dans des montagnes reculées près de la frontière du Tibet. Je coule ensuite dans la vaste plaine de ce pays que j'aime...»
22- Un fleuve d'or
«Je suis un lac d'eau douce d'une surface d'environ 12 000 hectares, d'une profondeur moyenne de 2,10 mm à la saison sèche, pouvant dépasser 4 m à la saison des pluies. Les pêcheurs qui pêchent mes poissons rament d'une façon unique sur leurs pirogues : debout sur une jambe à la poupe et l'autre enroulée autour d'une godille, ce qui leur permet de voir au-dessus des plantes qui couvrent une grande partie de mes eaux.»
23- Un lac d'or
«Je suis le soleil qui se couche au versant d'une colline célèbre qui a donné son nom à la ville, elle-même rendue célèbre par un poème du poète anglais Rudyard Kipling qui commence ainsi :
"By the old Moulmein Pagoda, lookin' lazy at the sea ..."»
24- Un soleil d'or
«Je suis le pont... un pont en teck de 1200 m de long (le plus long pont en teck du monde !), un pont qui fut construit dans le centre du pays à partir de 1849 pour enjamber un lac et relier la ville à la campagne.»
25- Un pont d'or
26- Étude de textes sacrés
Le chemin que préconise le Bouddha pour atteindre l'Eveil s'appelle l'Octuple Sentier qui comprend : la pensée juste, la compréhension juste, la parole juste, l'action juste, le mode de vie juste, l'effort juste, l'attention juste, la concentration juste.
27- L'effort juste (!)
28- La spontanéité juste(!)
29- Et toc !
Bien fait pour la pomme du visiteur toujours occupé à traquer photographiquement les moines locaux. En parodiant gentiment l'octuple sentier bouddhique, on pourrait alors être tenté de donner pour titre à cet instantané : "la politesse juste" (!)
30- Dévotion
Le visiteur est toujours captivé par l'expression de ces visages en prières....
31- Pieuse concentration
Beaucoup d'habitants de ce pays consacrent entre 10 à 30 % de leurs maigres revenus à l'entretien des pagodes et des prêtres. La religion est ici un fait social total.
32- Offrandes
On ne prie pas seulement dans les lieux sacrés religieux : on prie partout, y compris comme c’est le cas ici, dans un marché couvert, dans un simple moment de pause…
33- En prière "everywhere" !
34- Soldat en prière
Ce pays a été dirigé pendant une cinquantaine d'années par des militaires qui y ont imposé une véritable dictature réprimant impitoyablement à plusieurs reprises des mouvements étudiants et religieux. Aujourd'hui, ces militaires ont adopté le costume cravate et le régime semble se démocratiser un peu mais il reste encore beaucoup à faire et rien n'est vraiment sûr. Les hauts responsables, conscients de l'autorité morale et de l'influence de la religion dans le pays, font de nombreux dons aux pagodes et aux moines bouddhistes et se rachètent aussi une bonne conscience dans la crainte d'un mauvais karma possible dans une autre vie.
35- Imploration
36- Soumission
37- Espérance
38- Ferveur collective
39- La cloche sacrée
C'est la plus grosse cloche sonnante du monde (8 m de haut et 90 tonnes !) Elle n'est surpassée que par celle de Moscou, endommagée par le feu en 1737 et qui, elle, ne sonne plus depuis longtemps.
40- L'avenir de la nation : écoliers d'une école primaire
C'est la fin de la récréation, tous les écoliers se mettent en rangs, et entonnent sous le contrôle de leurs maîtresses des sortes d'hymnes patriotiques avant la reprise des cours. L'école primaire est obligatoire dans le pays mais l'éducation devenant un luxe pour une majorité de ses habitants, la plupart des familles pauvres n'envoient pas leurs enfants au-delà du cycle primaire.
41- Déjeuner en paix : des collégiens se restaurent avant de rejoindre leurs classes.
42- Un certain sourire
La gentillesse des habitants du pays (si longtemps fermé au monde extérieur) est proverbiale.
43- Petit clin d'oeil
44- Jeune fille
45- Portrait de moine
46/46- AUBE
Postface
Voilà, vous l'aurez deviné dès le début (ou fini par comprendre en cours de route) : c'est bien dans ce beau pays de Birmanie que je vous ai transporté-e-s !
Quelques lectures marquantes m'ont accompagné tout au long de ce périple et je tiens à les citer ici :
- «Une Histoire birmane», un des premiers romans du grand écrivain britannique George Orwell, (l'auteur du très célèbre ouvrage d'anticipation «1984»)
- «À mots couverts», de l'écrivaine britannique Emma Larkin, qui retrace le périple de George Orwell dans la Birmanie de l'époque coloniale, alors qu'il était tout jeune fonctionnaire de police affecté dans ce pays. Ouvrage qui évoque aussi à travers de très nombreux témoignages d'amis birmans de l'écrivaine la chape de plomb dictatoriale qui pèse sur le pays où la moindre critique du régime en place peut vous coûter la prison.
- «Chroniques birmanes» de Jean-Claude Auge, un livre de pur routard, grand amoureux du pays, avec quelques passages assez cocasses et rocambolesques.
Je suis tout à fait conscient d' avoir ramené de mon périple en Birmanie quelques simples facettes d'une sorte de "face A" alors qu'il existe une "face B" interdite d'accès au visiteur de passage, sorte de "face cachée de la lune birmane" qui a eu le mérite d'avoir été explorée, vécue et critiquée par d'autres (pourtant eux aussi fascinés par ce pays).
La Birmanie recèle de grandes richesses humaines ainsi qu'un grand potentiel de richesses économiques : puisse-t-elle connaître dans un avenir proche une vraie démocratie et un essor économique bien redistribué qui profitera enfin à tout son peuple.
À présent quelques explications et réponses au jeu de piste que je me suis amusé à créer avec vous au long de ce reportage.
- Une grande partie des photos de visages de Birmans en prières a été prise dans l'enceinte de l'incomparable pagode Shwedagon à Yangon (la capitale) : un moment d'intense plaisir photographique au demeurant...
- La crème de couleur sable que les Birmans s'appliquent sur le visage (et dont il est question dans la photo n° 10 - mais qui apparaît aussi dans bon nombre d'autres clichés-) est le tanaka.
- Les photos 12 et 13 intitulées « Frappe ! », « Découpe et colle ! » ont été prises dans le quartier des fabricants de feuilles d’or à Mandalay.
- « L’architecture d’or » (photo 21) est celle de la pagode Sun U Ponya Shin à Sagaing (20 km au sud de Mandalay)
- Le «fleuve d'or» dont il est question dans la photo n° 22 est bien sûr l'Irrawaddy.
- Le «lac d'or » de la photo 23 est le fameux lac Inle.
- Le «soleil d'or » de la photo 24 se couche sur la non moins fameuse colline de Mandalay.
- Le «pont d'or» de la photo 25 est le pont d'U Bein, dans les environs de Mandalay, un autre moment de grande émotion photographique !
- Quant à la « cloche sacrée» (photo 39), il s'agit de la cloche de Mingun (village lui aussi situé dans les environs de Mandalay).